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Les Toros...
6 janvier 2007

Les toros...

... Dieu ! Que l’horloge du temps égrène lentement les instants de tourments. Le soleil de juillet se noircit doucement et ses rayons brûlants ne réchauffent plus ce froid qui m’envahit, m’engourdit, me glace inexorablement. Ce ciel que je n’ai pas connu autrement que d’un bleu éblouissant, se grise lentement d’un maussade néant. Et dire que le cheval et moi, agonisants tout deux, dans ces arènes de Nîmes, nous demandions si les humains avaient une âme ? S’ils connaissaient la souffrance ? S'ils étaient une évolution dans le règne animal ? Cheval, cet ami, que j’avais longtemps côtoyé dans les prés effleurants des étangs... Cheval, mon ami, que j’ai dû éventrer pour faire cesser la torture de la pique que m’infligeait son brillant cavalier... Tout devant, au milieu des vivats rythmant mon agonie, un enfant pleure doucement. Si seulement je pouvais lui hurler : “Enfant, arrête de pleurer, au spectacle sanglant de mon corps torturé... Fais simplement en sorte que je sois le dernier.” Et demain, sur l’étal du boucher, à coté du cheval qu’ils auront abattu, je veux que mes morceaux soient ainsi signalés : “Viande label rouge sang, garantie torturée” !... Mon sang s’écoulant maintenant lentement, forme une grande tache brune arrondie, comme si la nature choquée avait voulu noter d’un zéro la valeur du moment. Dieu, de n’être point des hommes, n’en sommes nous pas moins bêtes ? Dieu, si souvent imploré dans ce cercle de pierres, combien de fois as-tu laissé souffrir et mourir lentement ceux que tu avais mis tant de temps à créer ? Et ces gens m'entourant ? Pourquoi les laisser s’amuser de l’horrible souffrance qui fait de la mort une lointaine espérance ? Pourquoi moi ? Pourquoi eux, ces Chrétiens qui 20 siècles avant moi, sublimaient la douleur par des chants à ta gloire ? Pourquoi moi, qui ne sait pas chanter, qui ne sait pas pleurer, qui ne sait pas prier, qui ne fait que saigner en souffrant, déchiré, comme si cette vie qui partait avait besoin de douleur pour s’enfuir, encore plus que pour naître ? Tout est noir, tout est froid, même la douleur fuit, comme s’attenuent enfin ces cris inhumains qui huaient mes minutes de vie.... ... Adieu ! Je sens que je pars... Si un jour je revis, fasse le Dieu des Taureaux que ce ne soit point en humain !
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